La Confiance des Entreprises Européennes en Chine au Plus Bas : Une Réévaluation du Marché
Chers lecteurs,
L’environnement des affaires en Chine a toujours été un sujet de grand intérêt pour les entreprises européennes. Traditionnellement perçu comme un marché offrant d’importantes opportunités de croissance et de profits, il semble que le tableau soit en train de changer de manière significative. Selon les récentes conclusions de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine, la confiance des entreprises européennes sur ce marché est tombée à un niveau historiquement bas.
Le Sondage sur la Confiance des Entreprises 2025, mené conjointement par la Chambre de commerce de l’UE en Chine et Roland Berger, révèle une situation préoccupante. Publié le 28 mai 2025, ce rapport met en lumière le sentiment général des entreprises européennes opérant en Chine.
Des Difficultés Croissantes et un Manque d'Optimisme Record
Les résultats sont sans appel : seulement 29% des entreprises interrogées se disent optimistes quant à leurs perspectives de croissance en Chine pour les deux prochaines années. C’est une baisse de 3 points de pourcentage par rapport à l’année précédente et un niveau historiquement bas. De manière encore plus frappante, 73% des entreprises ont déclaré que faire des affaires en Chine était devenu plus difficile au cours de l’année écoulée (2024). Ce chiffre représente une augmentation de 5 points par rapport à l’année précédente et constitue un nouveau record. Le sentiment d’incertitude pèse lourdement sur la confiance commerciale.
Les jours où il était « facile de faire des profits considérables » en Chine semblent révolus. Jens Eskelund, président de la Chambre de commerce de l’UE en Chine, souligne que l’époque des « profits faciles, des comptes qui s’accumulent rapidement » est terminée, et que les entreprises doivent désormais « doubler d’efforts pour réaliser des bénéfices ». L’optimisme concernant la rentabilité à court et moyen terme est également à un niveau record bas, avec seulement 12% des entreprises s’en déclarant optimistes. Une majorité de 49% des entreprises sont pessimistes quant à leur propre rentabilité.
Quelles sont les Causes de ce Pessimisme ?
- Le ralentissement économique de la Chine est le problème le plus prégnant. 71% des entreprises l’ont classé parmi leurs trois principaux défis. La faiblesse persistante de la demande est particulièrement préoccupante, en partie due à la crise prolongée du secteur immobilier qui incite les consommateurs à réduire leurs dépenses.
- Les tensions géopolitiques et les risques liés aux relations sino-américaines sont une source majeure d’inquiétude. 52% des entreprises ont estimé que l’environnement des affaires en Chine était devenu plus politisé en 2024. Il est à noter que l’enquête a été menée avant les augmentations de tarifs américains d’avril 2025, ce qui suggère que le sentiment actuel pourrait être encore plus négatif.
- La concurrence accrue des entreprises locales et les guerres de prix intenses dans de nombreux secteurs.
- L’imprévisibilité des politiques et le manque de transparence de Pékin. Une proportion record de 63% des entreprises ont manqué des opportunités commerciales en 2024 en raison de barrières d’accès au marché et réglementaires, et 44% s’attendent à une augmentation de ces obstacles dans les cinq prochaines années. L’intervention politique croissante dans certains secteurs a également rendu les opérations plus difficiles.
Conséquences pour les Opérations des Entreprises Européennes
Cette érosion de la confiance a des conséquences directes sur les stratégies d’investissement :
- Seulement 38% des entreprises prévoient d’étendre leurs opérations en Chine au cours de la prochaine année, un nouveau record bas. C’est une baisse par rapport aux 42% ou 4% de l’année précédente selon les sources. 36% n’ont pas de tels projets.
- Une proportion record de 52% des entreprises prévoient de réduire leurs coûts l’année prochaine.
- De plus en plus d’entreprises envisagent de déplacer leurs investissements vers d’autres pays ou régions, principalement en Europe ou en Asie du Sud-Est.
Le rapport mentionne également un phénomène de « découplage » progressif des opérations en Chine par rapport au reste du monde pour se conformer aux exigences réglementaires ou de localisation. Ce découplage entre les sièges sociaux et les entités chinoises ralentit les opérations globales, compliquant l’utilisation de nouveaux plans d’investissement et créant « un cercle vicieux de découplage ».
Un Éclaircissement : Le "Onshoring" des Chaînes d'Approvisionnement
Malgré le tableau sombre, le rapport identifie une tendance intéressante : un nombre croissant d’entreprises interrogées déclarent « rapatrier » (onshoring) des activités ou des chaînes d’approvisionnement en Chine. 26% des entreprises ont partiellement ou entièrement rapatrier leurs chaînes d’approvisionnement en Chine, une augmentation de 5 points par rapport à l’année précédente.
Pourquoi ce mouvement inverse alors que d’autres envisagent de délocaliser ? Les principales raisons invoquées sont la nécessité de renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement et de tirer parti de la compétitivité des chaînes d’approvisionnement chinoises.
Les Recommandations de la Chambre de l'UE
Face à cette situation, la Chambre de commerce de l’UE appelle les décideurs politiques chinois à agir. Le président Eskelund souligne que le message clé est le suivant : le « déséquilibre entre la croissance de l’offre et la demande érode à la fois les profits et la confiance des entreprises ». Il estime que « réaliser un meilleur équilibre » bénéficierait non seulement aux entreprises et rendrait la Chine « une destination d’investissement plus attrayante », mais pourrait également « conduire à une réduction des tensions commerciales ».
Denis Depoux de Roland Berger ajoute que l’économie chinoise « se stabilise avec une croissance plus lente et une concurrence accrue », signalant une « transformation plutôt qu’un déclin ». Dans ce nouveau paysage, les entreprises multinationales doivent s’adapter en développant des opérations très localisées en Chine et en Asie, en intégrant les chaînes de valeur de la R&D au service client, en utilisant les hubs régionaux, et en travaillant avec des partenaires et écosystèmes locaux.
En Conclusion
Le sondage sur la confiance des entreprises 2025 dépeint un environnement commercial en Chine plus difficile et moins prévisible pour les entreprises européennes, entraînant une réévaluation stratégique du marché. Alors que la confiance est à un niveau historiquement bas et que les plans d’expansion sont réduits, la compétitivité des chaînes d’approvisionnement chinoises continue d’attirer certains investissements. Dans ce contexte complexe, les dialogues entre l’UE et la Chine se poursuivent, avec des rencontres prévues entre hauts responsables pour aborder ces défis. La situation actuelle met en évidence la nécessité pour les entreprises européennes d’adapter leurs stratégies pour naviguer dans ce paysage économique et politique en mutation rapide.
Sources:
* The European Union Chamber of Commerce in China, « European Business in China Business Confidence Survey 2025 (BCS) – 中国欧盟商会商业信心调查2025 », Publié le 2025-05-28, [https://www.europeanchamber.com.cn/en/publications-archive/1278], [https://www.europeanchamber.com.cn/en/publications-business-confidence-survey]
* Bloomberg, « 中国欧盟商会调查发现 在华欧洲企业对增长前景的信心降至十余年最低 », Publié le 2025-05-28, [https://ynews.page.link/meQbw]
* DW Deutsche Welle, « 欧盟商会年度调查:只有约三成在华企业对前景乐观 », Publié le 2025-05-28, [https://p.dw.com/p/4v1vM]